• Etats-Unis: De la paralysie du Congrès au risque de défaut du pays le 17 octobre.

     

    Plafond de la dette: Oubliez le "shutdown", la grande crise est pour le 17 octobre

    Le HuffPost  |  Par Grégory Raymond Publication: 02/10/2013 12h36 CEST  |  Mis à jour: 02/10/2013 22h50 CEST

    INTERNATIONAL - Si l'on devait comparer le "shutdown", qui paralyse l'Etat américain, à l'impasse du plafond de la dette, on parlerait d'une bonne grippe et d'une rupture d'anévrisme. Le débat qui agite les Etats-Unis depuis le 1er octobre à minuit est bien peu en comparaison d'un risque de défaut du pays. Si républicains et démocrates ne s'entendent pas d'ici le 17 octobre, les Etats-Unis ne pourront plus assumer leurs obligations financières.


    Barack Obama et les chefs de file du Congrès ont eu l'occasion d'en parler mercredi, lors d'une réunion de crise organisée à la Maison Blanche. Le président a reconnu sur CNBC qu'il était "exaspéré", ce que n'a pas manqué de tweeter son équipe de communication. Il a également souligné que Wall Street ferait mieux de "plus d'inquiéter"...


    On s'explique. Le "shutdown", terme américain qui désigne la fermeture partielle des services fédéraux, marque le pic de 33 mois d'affrontements sur le budget entre démocrates et républicains. Ces derniers ont repris le contrôle de la Chambre en janvier 2011, avec des dizaines d'élus de la mouvance populiste Tea Party. Ceux-ci insistent pour voter un budget qui reviendrait, d'une manière ou d'une autre, sur la réforme de l'assurance-maladie, pièce maîtresse du bilan social du président et qui bénéficie du soutien indéfectible des démocrates.


    Malgré le chômage technique décrété pour environ 800.000 fonctionnaires, le pays continue tout de même de tourner: le coût du shutdown est évalué à 300 millions de dollars par jour. Pas énorme pour un Etat comme les États-Unis, contrairement à une impasse persistante sur le relèvement du plafond de la dette. Les circonstances font que les parlementaires doivent dans le même temps trouver un accord là-dessus.


    Il reste 30 milliards au Trésor américain


    Car le débat du plafond est complètement indépendant. Aux Etats-Unis, il existe un seuil limite de la dette, qui ne peut être franchi sans accord du Congrès. Fixé à 16.700 milliards de dollards, il sera dépassé le 17 octobre. Une fois atteint, le pays ne pourra plus honorer ses créanciers en utilisant les marchés financiers. Pour faire simple, l'Etat sera obligé de lever en urgence la plupart des impôts, tout en réduisant drastiquement les dépenses publiques. S'il ne parvient à récolter l'argent nécessaire, les impayés s'accumuleront et l'Etat fera faillite.


    Le secrétaire au Trésor Jacob Lew s'est saisi du débat mardi soir. Il craint qu'avec le "shutdown", les membres du Congrès n'aient plus le temps de s'entendre sur le relèvement du plafond. "Il nous restera 30 milliards de dollars de trésorerie pour honorer les engagements de notre pays", a-t-il écrit dans une lettre adressée aux parlementaires. Ce montant est "bien en-dessous" de ce que peut parfois dépenser le Trésor en une seule journée, c’est-à-dire "jusqu’à 60 milliards de dollars", poursuit-il.


    Le problème, c'est que le Chambre des représentants (partie basse du Congrès) est à majorité républicaine et se montre toujours inflexible: pas de mouvement tant que les démocrates n'auront pas fait de concessions sur l'Obamacare et la réduction des dépenses publiques, qu'ils jugent trop élevées. On est donc exactement dans les mêmes conditions qui ont conduit au "shutdown". Des parlementaires, tels Tom Coburn et Richard Durbin, prédisent d'ailleurs une fusion des deux dossiers dans les deux prochaines semaines.


    Pour le représentant républicain Paul Ryan, lier les deux questions permettra de mettre en place "un mécanisme pour forcer" la conclusion d'un accord. "La plupart des accords budgétaires par le passé contenaient un relèvement du plafond de la dette, a expliqué l'ancien colistier de Mitt Romney. Ces propos laissent penser que la fermeture des services fédéraux devrait se prolonger pendant les deux semaines qui viennent jusqu'à la date butoir du 17 octobre


    Déjà 5 défauts pour l'Etat américain


    Si les politiques jouent à se faire peur sur le sujet, il y a de fortes chances pour que l'un des camp craque avant l'ultime seconde. Régulièrement, démocrates et républicains se lancent dans un grand bluff, accusant tour à tour l'adversaire de mettre en balance le financement de l'Etat. En 2011, le plafond avait été relevé à la dernière seconde. La situation est donc réccurrente dans la vie politique et économique américaine. La preuve: des défauts ont toutefois déjà été enregistrés, à cinq reprises, dont la dernière fois en 1979.


    Au terme de négociations creuses, Washington avait retardé de plusieurs jours le remboursement de certains créanciers, avant un accord a posteriori. C'est une des solutions qui sera certainement retenue si l'Etat fait défaut le 17 octobre. Avec un risque évident: entacher la crédibilité américaine sur les marchés. La puissance des organismes financiers est beaucoup plus décisive qu'à la fin des années 1970.


    Imaginons un instant que les Etats-Unis annoncent un retard sur leurs créances... Les agences de notation financière dégraderaient immédiatement la note souveraine de l'Etat. De AAA chez Moody's et Fitch (AA+ chez Standard & Poor's), meilleure note possible, elle passerait à des niveaux spéculatifs similaires à la Grèce. Les taux d'emprunt américains exploseraient instantanément. Les Etats-Unis se transformeraient alors en "mauvais payeurs": une situation inédite pour la première économie du monde.

     

    Le shutdown, à côté, c'est de la petite bière...

     


     

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    Paralysie du budget fédéral étasunien. Quelles conséquences pour l’Occident ?

    конгресс сша бюджет обама
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    « Arrêtez cette farce et votez » ! Ce mot d’ordre d’Obama qui est en réalité un défi explicitement lancé à l’intransigeance du parti républicain a été fidèlement repris par Le Nouvel Observateur samedi.

    Si la genèse de cette mauvaise intrigue sociale est d’une clarté cristalline – une bonne partie de la population américaine n’a ni l’envie, ni les moyens de se pourvoir de l’assurance maladie version Obamacare obligatoire à partir du 1 janvier 2014 – les véritables tenants et aboutissants de l’histoire mettent en relief les impasses grandissantes de l’économie américaine.


    Dans le compte-rendu qu’il dresse, le Nouvel Observateur formule deux constats clés qui expliquent tant l’enlisement des Républicains et d’Obama dans un conflit-chantage dont les fonctionnaires fédéraux sont les premières victimes que les inquiétudes de tous les médias occidentaux face à une situation qui déborde sur le sort de la zone euro.


    - Primo, il se fait que « les USA doivent atteindre le plafond de leur dette, actuellement située à 16.700 milliards de dollars le 17 octobre et le Congrès doit approuver un relèvement de ce plafond pour éviter un défaut de paiement aux conséquences potentiellement catastrophiques ». L’endettement des USA est tel que, vulgairement parlant, le pays ne peut plus payer l’ensemble de ses fonctionnaires, entre autres « quelques 400.000 employés de la Défense ».


    - Secundo, de deux maux, il convient de choisir le moindre. Selon Obama, « pour aussi dangereuse que soit la paralysie budgétaire, une paralysie économique à la suite d’un défaut de paiement serait bien pire ». L’économie américaine est donc tombée dans le piège qu’elle s’était tendue elle-même il y a bien des décennies de là et qui a progressivement mis à mal tous ses moyens de régénérescence. Réduire massivement le nombre de fonctionnaires n’est pas une solution. Les payer en bonne et due forme est à ce stade mission impossible. Leur imposer un régime d’austérité des plus sévères ne rime à rien puisque celui-ci conduirait à terme à des émeutes sociales de taille. L’impasse est là, tout un univers budgétaire jusque là invincible est en passe de sombrer. Que faire ou plutôt quels nouveaux palliatifs inventer ?

     

    La turbulence budgétaire des USA est contagieuse. C’est pour cette raison qu’elle préoccupe tant les économistes occidentaux, surtout que le piège des endettements « boule-de-neige » est aussi une réalité L’intervention de M. Jacques Sapir sur nos ondes confirme cette réalité embarrassante. En voici un extrait représentatif.


    La VdlR. M. Sapir, j’aimerais bien savoir votre opinion sur les effets immédiats pour la Communauté internationale et surtout pour l’économie mondiale d’un scénario selon lequel les Républicains, les Démocrates et M. Obama ne se mettront pas d’accord ? Encourra-t-on alors le risque d’un default généralisé ? Et qu’en sera-t-il des engagements financiers américains à l’échelle internationale ?


    Jacques Sapir. « Evidemment, la perspective d’un default des USA est une perspective cauchemardesque pour le reste du monde. C’est pour cette raison que je suis persuadé que l’on trouvera, à la dernière minute, un compromis et que l’on va augmenter le plafond de la dette. Maintenant, il faut comprendre que tout ce problème budgétaire qui devient de plus en plus grave, de plus en plus pressant depuis ces derniers mois, aura des conséquences économiques sur l’ensemble du monde. Pourquoi ? Parce que l’administration américaine ne sera pas capable de passer à temps toute une série de contrats aux petites et moyennes entreprises. Il y a quelque chose de très important aux USA, ce que l’on appelle le Small Business Act, qui fait qu’entre 20 et 40 % des contrats vont nécessairement aux petites et moyennes entreprises en question. Or, comme il y a une paralysie de l’administration, ces contrats ne sont actuellement pas passés, ils ne seront pas passés durant le mois d’octobre et probablement pas durant le mois de novembre. On a déjà calculé que le choc sur l’économie des USA sera extrêmement important. On s’attend à ce qu’au troisième et au quatrième trimestre, les USA fassent une croissance de 1,2 % au lieu de faire la croissance de 2,2-2,4 % qui était prévue jusqu’ici. Or, ce ralentissement brutal de la croissance lié à ce problème budgétaire et fiscal aura un impact important tout d’abord sur l’Europe qui est à l’évidence une zone très fragile ayant le plus besoin de la croissance américaine et qui donc est une zone où tout ralentissement de l’économie américaine aura des conséquences extrêmement importantes, mais aussi sur les pays émergents parce que ces derniers vendent leur production, que ce soit des biens manufacturés ou des matières premières à l’Europe et aux USA. A ce moment-là, on verra que le niveau général de la demande mondiale va relativement se contracter au cours du dernier trimestre. Les conséquences à prévoir pour l’économie mondiale seront d’autant plus importantes qu’un pays émergent sera plus exportateur qu’un autre, fait crucial pour la Chine, pour la Russie, pour le Brésil, etc.


    La VdlR. Quelle est la réaction des marchés européens à la crise américaine ? Qu’en est-il du cours de l’euro ?


    Jacques Sapir. Aujourd’hui, les marchés financiers sont inquiets mais ils considèrent qu’un compromis est pour l’instant probable. Je crois que la très grande nervosité des marchés financiers n’apparaîtra que si on ne voit pas d’issue se profiler d’ici le 12-13 octobre, parce qu’à partir de ce moment-là on va se rapprocher de plus en plus de la date limite à laquelle il faudrait augmenter le plafond de la dette. Maintenant, il faut comprendre que, mettons, la valeur de l’euro n’est pas essentiellement liée aux oscillations du dollar. C’est aussi le problème d’une demande pour l’euro qui est en jeu. Comme l’UE a très fortement réduit ses importations mais a maintenu ses exportations, il se fait qu’elle sera en manque car les autres pays qui achètent sa production ont besoin d’euros pour la payer et c’est là que, bien entendu, l’euro est poussé à la hausse. Donc, il y aura pour quelques semaines, voire quelques mois une tendance haussière de l’euro, mais qui ne renvoie absolument pas à la stabilité financière intrinsèque de la zone euro ou au problème du dollar qui est purement un phénomène technique et au-delà va se reposer tout le problème de la crise de la zone euro qui n’est toujours pas résolu et celui de la crise américaine. En conséquence, nous allons connaitre au début de l’année 2014 une très grande instabilité dans le domaine monétaire et c’est quelque chose qui a de quoi effrayer tous les pays émergents.


    La VdlR. Peut-on supposer que 2014 va de ce fait, par enchaînement d’effets secondaires, hâter la fin de l’euro ?


    Jacques Sapir. Je pense que l’euro est condamné. La question qui se pose à l’heure actuelle est une question éminemment politique. Est-ce que les Etats qui constituent la zone euro, leurs gouvernements, sont prêts à dire : « il vaut mieux dissoudre dans le calme l’euro, revenir à nos monnaies nationales mais le faire de manière coordonnée en maintenant une coopération importante » (ce qui serait la meilleure des solutions) ou vont-ils laisser la crise aller jusqu’à son terme et, à ce moment-là, on aurait non pas une dissolution de l’euro mais une véritable explosion de l’euro. C’est cette dernière voie qui est pour l’heure suivie puisque dans différents pays on se refuse à aborder la question possible de la dissolution de l’euro et en même temps on voit de plus en plus de gens extrêmement sérieux, avec une très grande réputation, qui disent que ça ne peut plus durer de la sorte, il faut faire quelque chose. Il y a donc toujours la possibilité d’un retournement politique de dernière minute sur cette question. Pour vous dire le fond de ma pensée, les gouvernements européens ont un attachement irrationnel à la problématique de l’euro et qu’ils ne sont plus capables de faire un simple calcul du type coût-avantage qui au demeurant les conduirait à dissoudre la zone euro. Or, comme ils s’obstinent à ne pas vouloir le faire, il faut s’attendre à ce que la crise prenne des formes particulièrement violentes et qu’elle arrive à son terme vers la fin de 2014 ou le début de 2015 ».


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    Etats-Unis : Les banques se préparent à une panique bancaire selon le Financial Times

    Etats-Unis : Les banques se préparent à une panique bancaire, selon le Financial Times

     

     

    Selon les informations du Financial Times du 4 Octobre 2013, les banques américaines procèdent actuellement au remplissage de l’ensemble des distributeurs automatiques afin de prévenir des risques de panique bancaire.


    Par précaution, certaines banques ajoutent jusqu’à 30% de plus d’argent.


    Ces mesures sont prises dans le cas où l’arrêt du gouvernement fédéral se poursuivrait, mais également, dans le cas où aucune solution n’est trouvée pour un relèvement du plafond de la dette au 17 Octobre 2013. Scénario qui provoquerait certainement une ruée vers les distributeurs, bien que la Société Fédérale d’assurance des dépôts garantisse les dépôts bancaires jusqu’à 250.000 $.


    Les grandes institutions financières tiennent également des réunions quotidiennes d’urgence au sujet des mesures à prendre si les Etats-Unis ne trouvent pas d’accord sur le relèvement du plafond de la dette.


    A l’étude, des découverts temporaires gratuits pour les employés du gouvernement et pour les prestataires de la sécurité sociale.


    Sources : Financial Times / Le Journal du Siècle

     

     

    http://lesmoutonsenrages.fr/2013/10/07/etats-unis-les-banques-se-preparent-a-une-panique-bancaire-selon-le-financial-times/

     

     

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